16 avril 2010

MUTATIONS ET CARRIÈRES

Hors classes des chefs d’établissement.

Hors classes des chefs d'établissement.

La Hors classe des chefs d’établissement s’est tenue et les résultats sont connus. On ne nous fera pas croire que ces hors classe sont attribuées au mérite ! Certaines peut-être, mais la plupart certainement pas ! Combien parmi ces promus ont été mis à mal par le SNES tant leur comportement était inacceptable ? Combien ont respecté les textes pour les réunions des Conseils d’administration, des commissions permanentes, des commissions d’hygiène et de sécurité, etc, etc…. !

Nous pourrions dresser une liste longue de Fort-de-France à Bagdad – là où Ali Baba avait ses 40 voleurs - ! Et nos collègues seraient les uns plus étonnés que les autres de découvrir tel ou tel nom de promu.

Nous ne le ferons cependant pas [1] . Pour deux raisons.

La première est qu’en nous offusquant, en nous extasiant, nous ne ferions rien de plus que ce que font certains chefs d’établissement en CAPA de la hors-classe, jouant les censeurs convaincus de leur valeur de censeurs, convaincus de la justesse de leur jugement, contrairement au désaveu constamment réitéré de nos statistiques.

La seconde est que nous considérons qu’il ne saurait y avoir de promotion au mérite dans la fonction publique. Pas plus chez les personnels de direction que chez les profs, les Copsy ou les Cpe…Les raisons en sont multiples, liées au type de métier que nous faisons : dans la fonction publique, nous sommes, les uns et les autres, des rouages au service du public. Et les moyens coercitifs pour punir un fonctionnaire incompétent ou qui fainéant – c’est rare, mais nous ne sommes pas au-dessus de l’humain -, existent de longue date. De même, il existe des moyens pour reconnaître les efforts faits par tel ou tel fonctionnaire dans l’exercice de son métier – la promotion au grand choix en est un, les palmes académiques, en est un autre -. Et tout le monde sait que les salaires dans la fonction publique – notamment dans l’Education – n’ont rien à voir avec ceux du privé. A l’opposé, nos métiers avaient une certaine noblesse du fait de l’exercice souvent obscur de bien des missions. Vouloir, comme l’actuel gouvernement et quelques précédents, transformer nos promotions en des promotions au mérite, c’est vouloir surtout cacher le refus de financer correctement nos métiers et donc diminuer encore plus la masse de nos rémunérations. Accepter de se diviser au prétexte qu’on pourrait avoir des personnels plus compétents que d’autre, est suicidaire car c’est bien la politique poursuivie ainsi par le gouvernement.

Mais nous ne dirons rien parce que lorsque nous défendons nos collègues en tentant de faire valoir à la CAPA que la hors classe permet et une autre progression d’indice et de salaire à ceux qui sont arrivés au bout de l’échelle des rémunération, qu’elle permet aussi d’augmenter le pécule attribué à chaque collègue pour sa retraite, et calculé sur ses dernières années d’exercice, nous savons toutes les difficultés de nos collègues, parfois d’ordre personnel et/ou familial, mais souvent de santé, et encore plus souvent difficultés d’exercice d’un métier de moins en moins supportable. Certains chefs d’établissement le comprennent, ils n’ignorent pas que la MGEN a été un pionnier en matière de centre de soins de toutes sortes pour les maladies des personnels de l’éducation plus atteints que d’autres par les maladies psychiatrique ou – au siècle dernier – par la tuberculose, preuve d’un dévouement quotidien très au-delà du simple exercice d’un métier que pratique les fonctionnaires et, particulièrement ceux de l’Education nationale.

C’est Camus, qui, dans la Peste, rappelle que le véritable héroïsme consiste simplement à faire sa tâche ordinaire jour après jour, au cœur des hommes. Le vrai héros c’est l’homme se battant avec ses difficultés du jour, non le surhomme d’un instant.